Ce sont les évènements d’aujourd’hui qui demain, constituent l’histoire. Il est primordial que nous nous posions la question : en quoi écrivons-nous l’histoire ?
Parlant littéralement d’écriture, nous connaissons tous les citations faisant référence au lien entre les africains et les textes écrits.
« En Afrique quand un vieillard meurt, c’est toute une bibliothèque qui brûle » Amadou Hampaté Ba
« La meilleure façon de cacher quelque chose à un noir est de la mettre dans un livre… » Dee Lee
Quoique la première citation soulève l’importance des aînés dans la culture noire, elle relève tout comme la deuxième citation, le mauvais côté du lien entre le noir et les textes écrits. À l’échelle de l’histoire, ce faible lien est récent car nos ancêtres les égyptiens ont relaté leur histoire par des transcriptions écrites. Nous n’aurions pu rien savoir sur cette époque si l’écriture et la lecture avaient été négligées. C’est à la suite de la chute de la civilisation égyptienne que les noirs ont perdu ce savoir faire et sont retombés dans la pratique de la transmission orale.
Après la période sombre de l’esclavage et de la colonisation, relatée pour la plupart par les esclavagistes et les colons, le peuple noir a réappris à écrire et à lire. Étant donné que les vieilles habitudes ont la peau dure, les noirs ont eu du mal à se réapproprier la culture de l’écriture. Cependant des figures noires ont milité et militent encore pour la vulgarisation de la culture des textes écrits.
Ce combat n’est pas terminé que voilà venue l’ère des réseaux sociaux où la rigueur dans les écrits semble être facultative et où la communication orale revient à la page dû aux facilités inhérentes.
Si nous ne prenons garde, nous risquons de retomber dans le vice ou plutôt le cliché du « noir et les textes écrits » ?
Il est important de remarquer que l’ère du numérique vient avec l’ère de l’abondance. Non seulement les écrits sont abondants et pas nécessairement pertinents, mais aussi, ces textes ne sont le plus souvent pas conservés ni par leurs auteurs ni par bon nombre de leurs correspondants. Il serait donc difficile d’en disposer au moment de constituer les textes qui relateront l’histoire, car, il faut le rappeler, c’est la somme des histoires personnelles des contemporains qui constitue l’Histoire de leur époque.
Donnons à César, ce qui est à César. L’internet est une création de l’occident. Un outil très puissant mais qui reste une « propriété » occidentale. Voici des éléments de réponse si vous vous demandez où je voudrais en venir :
Serons-nous prêts à laisser la transmission de notre histoire à un tiers, qui refuse déjà d’admettre notre éveil intellectuel du temps de l’Égypte antique, d’assumer les torts qu’il nous a causés et continue de nous causer ? Que diraient de nous nos ancêtres égyptiens ? Et plus important encore, que sauront les prochaines générations de nous? Auront-il la bonne version de l’histoire ?
L’homme qui ne connaît pas l’histoire est condamné à répéter ses erreurs, mais l’homme qui connaît mal son histoire est très certainement perdu en plus d’être condamné à répéter les erreurs du passé.
Auteur : Abdel-Haq OURO-SAMA
Rubrique : Quand la sagesse d’un père croise la plume d’un fils